Elnet. Découvrez Israël, ses colonies, ses technologies de surveillance...
Enquête · En ce début janvier 2023, alors qu’un gouvernement d’extrême droite s’installe, onze parlementaires français, dont Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée, et Karl Olive, un proche ami du président Macron, sont en Israël à l’invitation d’Elnet. Réseau européen installé à Paris, Bruxelles, Londres, Berlin, Madrid et Varsovie, Elnet (European Leadership Network) œuvre à renforcer les liens entre la France et Israël en ciblant les leaders, patrons et élus. Structure discrète et bien dotée, son activité consiste à vendre le produit Israël, ses start-up comme ses colonies, sur la scène française, en créant et en entretenant un maillage de décideurs pro-israéliens.
Voir l’image ICI. Israël, juin 2019. L’imam Hassen Chalghoumi pose au côté du président Reuven Rivlin avec la délégation de jeunes musulmans français et belges dont le voyage a été organisé par Elnet France (au 2e rang, 2e à partir de la g., son directeur Arié Bensemhoun) elnetwork.fr
Une organisation incarne le lobby pro-israélien dans l’Hexagone, au nom très neutre : Elnet, soit European Leadership Network, et affiche ainsi son ambition : « Œuvrer au renforcement des relations bilatérales entre Israël et la France ». Son discret président, Pierre Dassas, un lobbyiste installé en Suisse, se trouve au cœur d’une nébuleuse de fondations branchées sur les « jeunes leaders », et le « dialogue stratégique » dont Elnet fait partie. La principale d’entre elles, The House of the rising stars (La Maison des étoiles montantes, on est chez les premiers de cordées), basée à Genève, entretient elle-même de nombreuses accointances, notamment avec l’Institut des hautes études de défense nationale en France. On le sait, les militaires français ont toujours eu un faible pour Israël...
Avec des bureaux à Paris, Bruxelles, Londres, Berlin, Madrid et Varsovie, Elnet se veut très européenne et dispose également d’une association d’amis, Friends of Elnet, basée pour sa part à New York et à Los Angeles et qui se charge de lever des fonds aux États-Unis. Son gala virtuel organisé le 15 novembre 2020 pour « renforcer les liens euro-israéliens » et collecter de l’argent dans ce but a réuni des philanthropes pro-israéliens autour du président Reuven Rivlin, du ministre des affaires étrangères Gabi Askhenazi et de Yair Lapid, un ex-ministre de « centre gauche » qui se voit en leader de l’opposition. C’est aussi le seul politicien israélien que le président Emmanuel Macron aime fréquenter. Ancien journaliste et auteur de romans policiers, Lapid avait été chaleureusement reçu à l’Élysée par le président en avril 2019, à la veille d’un énième round électoral en Israël.
Parmi ces leaders que soigne Elnet, Bruno Tertrais, éminent représentant de la recherche privée française. Directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique et senior fellow associé à l’Institut Montaigne, spécialiste des questions de défense passé par l’OTAN et la Rand Corporation, Tertrais a été un temps au Parti socialiste et à la fondation Terra Nova, avant de conseiller Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle sur les questions « stratégiques ». Autant dire, pour parler familièrement, qu’il n’est pas un perdreau de l’année. Au cours d’un web-séminaire en juin 2020, Tertrais « rend hommage à Elnet qui m’a permis de connaître toutes les facettes et toutes les réalités de la société israélienne ». Collaborateur de L’Express, intervenant régulier dans d’autres médias écrits ou audiovisuels, il a curieusement besoin d’un lobby qui n’en fait pas mystère pour se faire une idée sur la société israélienne.
Changer les positions de la France
Inconnue du grand public, Elnet se soucie en réalité fort peu des ..........