Englué dans une crise, Netanyahou va-t-il déclarer la guerre pour sauver sa peau ?

jeudi 25 mai 2023

Le Premier ministre a autant à perdre qu’à gagner s’il y avait des hostilités. Mais dans la mesure où son agenda est dicté par des extrémistes religieux, il pourrait avoir du mal à ne pas mettre la région à feu et à sang.

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Source : Middle East Eye, Jonathan Cook
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

L’une des tactiques favorites des Premiers ministres israéliens lorsqu’ils sont en difficulté consiste à provoquer une confrontation, ou du moins à réagir de manière excessive pour assurer qu’une de celles-ci se produise, pour ensuite envoyer l’armée.

On peut espérer des guerres qu’elles rassemblent les Israéliens derrière un gouvernement défaillant et qu’elles réduisent l’opposition au silence, tout en obtenant un soutien inconditionnel des Juifs de l’étranger et la sympathie instinctive des pays occidentaux.

Au cours des 15 dernières années, Gaza a joué ce rôle à plusieurs reprises. En 2006, Ehud Olmert a tristement choisi d’utiliser le Liban – une arène beaucoup plus délicate sur le plan militaire – pour essayer de prouver sa valeur afin de rallier la population israélienne à son fragile gouvernement. Cela ne lui a pas réussi.

En tant que dirigeant israélien, Benjamin Netanyahou est en proie à des difficultés – tant personnelles que politiques – bien plus importantes que celles de ses prédécesseurs.

Il est en plein milieu d’un procès pour corruption qui ne tourne pas en sa faveur. Il a désespérément besoin de se maintenir au pouvoir et d’adopter une législation visant à affaiblir les tribunaux s’il ne veut pas risquer de finir en prison.

Mais sa soi-disant « réforme judiciaire » qui visait à donner à ses alliés extrémistes religieux un contrôle effectif sur les tribunaux, a déclenché des manifestations sans précédent dans tout le pays. Les sondages concernant Netanyahou se sont effondrés. S’il y avait des élections aujourd’hui, il est presque certain qu’il les perdrait.

Dans le même temps, il est confronté à une quasi-mutinerie sans précédent au sein des sections d’élite de l’armée, notamment les pilotes et les réservistes expérimentés, qui s’opposent à son ingérence dans le système judiciaire, en partie pour des raisons personnelles. Le prétendu « contrôle » de leurs crimes de guerre par la Cour suprême israélienne est le principal obstacle à leur comparution devant la Cour pénale internationale.
Les pyromanes ministériels

Mais la rébellion que Netanyahou a provoquée dans les rangs est également perçue de plus en plus comme une atteinte à la dissuasion tant prisée d’Israël dans une région « hostile. »

Comme si cela ne suffisait pas, Netanyahou doit sans cesse se plier aux exigences de ses partenaires fascistes et colons religieux de la coalition, faute de quoi son gouvernement tombera presque à coup sûr.

Mais les ministres d’extrême droite qui contrôlent la police mais aussi l’administration militaire qui régit la vie des Palestiniens, ne sont guère plus que des pyromanes, déterminés à mettre le feu aux territoires occupés. Le prétexte sera alors tout trouvé pour que les colons et les forces armées précipitent le processus d’expulsion des Palestiniens de leurs terres et leur regroupement dans une poignée de ghettos urbains.

En conséquence, pour la première fois, le vigoureux lobby pro-israélien, en particulier aux États-Unis, trouve des raisons de douter de la légitimité du gouvernement israélien. Les défenseurs d’Israël ont été frappés par deux coups durs : tout d’abord Netanyahou a invité des partis fascistes ouvertement religieux à faire partie de sa coalition, et ensuite il a cherché à leur donner le contrôle des tribunaux.

Le lobby pro israélien s’était déjà attelé à la tâche difficile de salir la communauté internationale des droits humains parce que celle-ci avait estimé qu’Israël pouvait être qualifié d’État d’apartheid. Aujourd’hui, ce lobby renâcle à la tâche de devoir défendre les efforts de Netanyahou pour transformer Israël en une dictature théocratique.

Et en filigrane, l’administration Biden est mécontente du fait que Netanyahou donne d’Israël un image tellement antidémocratique que les sermons de Washington sur les « valeurs partagées » et les « liens éternels » sonnent plus que creux.
Quand on allume des feux

Jongler avec tous ces problèmes met l’ingéniosité à rude épreuve, même quand il s’agit de Netanyahou, premier ministre ayant eu le plus long mandat et homme politique habituellement crédité d’un talent quasi-mythique pour s’accrocher au pouvoir.

Dans ces conditions, la perspective d’une guerre dans les prochaines semaines pourrait sembler alléchante – un danger qui n’est pas passé inaperçu aux yeux des commentateurs israéliens. Le gouvernement de Netanyahou a déjà allumé des feux sur les fronts palestinien, libanais et syrien.

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