Entretien Michel Warschawski : « Israël est divisé entre deux projets de société irréconciliables »

jeudi 26 octobre 2023

Entretien
Michel Warschawski : « Israël est divisé entre deux projets de société irréconciliables »

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Journaliste, figure de la gauche radicale et du mouvement pacifiste en Israël, auteur de nombreux ouvrages dénonçant l’occupation et de la colonisation de la Palestine, Michel Warschawski signait en 2018 chez Syllepse son dernier livre, intitulé « Israël : chronique d’une catastrophe annoncée… et peut-être évitable ».

Pour Michel Warschawski, la société israélienne est plus divisée que jamais. Le 7 octobre représente plus grand massacre de juifs depuis la seconde guerre mondiale.

Comment vivez-vous ce paradoxe d’un État créé pour permettre aux Juifs menacés dans le monde de trouver refuge, qui s’est ici montré incapable de protéger, d’assurer la sécurité de ses citoyens  ?

Il y a une image très pertinente de l’historien juif anglais Isaac Deutscher. Un fugitif est poursuivi par quelqu’un qui le menace avec un couteau. Il rentre dans la première maison venue pour y trouver refuge. Mais au lieu de dire « Excusez-moi, dehors je risque ma vie, il faudrait que je reste chez vous pendant un certain temps », très vite, il se met à repousser les propriétaires de l’entrée vers le séjour, du séjour vers la cuisine, pour finir par les cantonner au débarras. Et à la fin il dit : « Ici, cela a toujours été à moi ».

Ce n’est pas le choix de la demande d’asile, du refuge qui a été fait, mais celui du retour et de l’idéologie qui se greffe là-dessus. J’espère aujourd’hui que nous saurons nous reprendre, faire le pari du bon sens. Nous avons hérité de nos aïeux l’expérience léguée par des siècles de vie diasporique impliquant un certain bon sens et la faculté d’échapper à des comportements suicidaires.

Des voix en Israël défendent le principe d’un échange des otages détenus à Gaza par le Hamas contre des prisonniers palestiniens. Qu’en pensez-vous ?

J’espère que nous parviendrons à un tel accord. Hélas ces voix sont isolées, alors que la classe politique et une grande partie de l’opinion sont travaillées par l’hubris, et ce n’est vraiment pas bon. Yonatan Ziegen, le fils de la militante pacifiste Vivian Silver disparue depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, répète que la vengeance n’est pas une stratégie. Est-ce audible en Israël aujourd’hui ?

Cela me semble de très bon sens… Mais le pays est à cran. Beaucoup le pensent mais se taisent pour l’instant. Pas seulement par peur de s’exprimer, mais aussi parce qu’il faut se justifier, expliquer que cela ne signifie pas un soutien au Hamas, etc.

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Source  : L’HUMANITE Mise à jour le 22.10.23
Benjamin König - Rosa Moussaoui