État totalitaire, Israël interdit les ONGs palestiniennes de défense des Droits de l’Homme
La sinistre désignation par Israël de six organisations palestiniennes de premier plan comme “organisations terroristes” est une tentative de réduire les Palestiniens au silence et de définitivement les contrôler.
Dans le cadre d’une attaque sans précédent et générale contre les défenseurs des droits humains et les organisations de la société civile palestiniens, le ministre israélien de la “Défense”, Benny Gantz, a annoncé, le 19 octobre 2021, la désignation de six organisations de la société civile (OSC) palestiniennes de premier plan comme “organisations terroristes”, les mettant de fait hors la loi et leur faisant courir le risque de représailles imminentes.
Les six organisations visées sont : Addameer Prisoner Support and Human Rights Association, Al-Haq Law in the Service of Man (Al-Haq), Bisan Center for Research and Development, Defense for Children International-Palestine (DCI-P), l’Union of Agricultural Work Committees (UAWC), et l’Union of Palestinian Women’s Committees (UPWC).
Ces désignations arbitraires visent six des plus éminentes organisations de la société civile et défenseurs des droits de l’homme palestiniens engagés dans un travail essentiel en faveur des droits de l’homme dans le Territoire palestinien occupé (TPO), notamment en documentant et surveillant les violations des droits de l’homme, le travail de responsabilisation pour poursuivre les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par Israël, et les efforts juridiques pour mettre fin à l’occupation, au colonialisme et au régime d’apartheid israélien.
Ces désignations représentent une tentative sans précédent et inquiétante des autorités israéliennes d’occupation pour réduire au silence et criminaliser les organisations palestiniennes qui contestent l’occupation militaire, la colonisation et l’apartheid en Palestine par Israël.
En particulier, l’utilisation d’une législation “antiterroriste” volontairement vague et sans fondement pour criminaliser les six organisations en vertu du droit interne israélien fait suite à des années de campagnes et d’attaques soutenues et systématiques contre les OSC palestiniennes, visant à entraver leur documentation sur les droits de l’homme et leur coopération avec les mécanismes internationaux de défense des droits de l’homme et ceux des Nations Unies (ONU).
Le 19 août 2021, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, Mary Lawlor, a publié une déclaration sur les multiples cas notoires d’arrestations arbitraires, de harcèlement, de criminalisation et de menaces à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme dans les TPO.
Ces désignations reflètent des décennies de tentatives israéliennes de contrôler le peuple palestinien et servent à museler et affaiblir encore davantage le fonctionnement indépendant des OSC palestiniennes. En particulier, ces désignations représentent une application flagrante et illégale du droit interne israélien dans les TPO, en violation de l’article 43 du Règlement de La Haye (1907) et du droit internationalement reconnu et inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination.
Constatant la gravité de la situation actuelle et les risques imminents auxquels sont confrontés les acteurs humanitaires palestiniens et les défenseurs palestiniens des droits de l’homme, le PNGO et le PHROC appellent de toute urgence la communauté internationale, y compris les États tiers, les organisations de la société civile, les défenseurs des droits de l’homme, les Nations unies et l’opinion publique mondiale à :
1) Exiger qu’Israël révoque sa désignation d’”organisation terroriste” contre les six principales OSC palestiniennes ;
2) Exhorter le ministère israélien de la Défense et de la Justice, ainsi que les autres interlocuteurs concernés, à cesser d’employer des pratiques et des politiques illégales d’intimidation et de harcèlement, y compris la criminalisation arbitraire, le harcèlement et la répression des OSC palestiniennes, qui violent les conventions fondamentales du droit international ;
3) Publier une déclaration publique de non-reconnaissance des désignations comme un acte d’apartheid internationalement illicite, comprenant des mesures législatives calculées pour violer le droit à la liberté d’opinion et d’expression, et le droit à la liberté de réunion et d’association pacifiques ;
4) Condamner les désignations comme une application illégale du droit interne israélien au territoire palestinien occupé ; et
5) Appeler la communauté internationale, y compris les donateurs, les sympathisants et les acteurs des droits de l’homme du monde entier à condamner les désignations arbitraires et les tactiques d’intimidation, et à réitérer publiquement leur soutien aux organisations de la société civile palestinienne.
Les ONG palestiniennes de défense des droits de l’homme ne seront pas réduites au silence et appellent la communauté internationale à prendre des mesures concrètes pour annuler les désignations israéliennes barbares
Al-Haq rejette fermement la désignation par le ministère israélien de la Défense, le 19 octobre 2021, d’Al-Haq et de cinq autres organisations de la société civile palestinienne comme “organisations terroristes”, en vertu de la loi antiterroriste israélienne de 2016, et appelle à la solidarité internationale et à des mesures concrètes pour assurer son annulation immédiate.
Ces allégations sans fondement représentent une escalade alarmante et injuste des attaques contre le peuple palestinien dans sa lutte pour la liberté, la justice et le droit à l’autodétermination.
Le dénigrement généralisé et systématique par Israël des ONG palestiniennes de défense des droits de l’homme vise à délégitimer, opprimer, réduire au silence et épuiser leur travail et leurs ressources. En outre, l’application illégale du droit interne israélien aux territoires palestiniens occupés (TPO) sert à consolider le maintien de son régime colonial et d’apartheid, de discrimination raciale institutionnalisée et de domination sur le peuple palestinien dans son ensemble.
Depuis des décennies, Al-Haq se bat pour mettre fin aux politiques et pratiques coloniales illégales d’Israël qui, depuis 1948, empêchent le peuple palestinien d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination.
Al-Haq est l’une des principales organisations palestiniennes à demander des comptes et à mettre fin à l’impunité dont jouit Israël pour ses crimes de guerre et ses crimes contre l’humanité.
Ce n’est pas une coïncidence si la récente escalade des mesures punitives d’Israël contre Al-Haq et d’autres organisations de la société civile intervient immédiatement après l’ouverture d’une enquête de la Cour pénale internationale sur les crimes d’Israël dans la situation en Palestine. À cette fin, Al-Haq poursuivra inlassablement ses efforts pour que les auteurs israéliens de crimes d’atrocités de masse soient tenus pour responsables.
L’histoire de la défense des droits de l’homme, de l’Afrique à l’Amérique latine et aux autres coins du globe, a montré que les moyens et les méthodes de l’oppresseur n’ont pas de limites.
Dans notre lutte pour la libération de la Palestine du régime d’apartheid et de colonisation d’Israël, notre travail de défense des droits de l’homme ne sera ni découragé ni réduit au silence. Nous avons confiance dans la solidarité de nos amis et partenaires du monde entier pour affronter les obstacles qui se dressent devant nous.
La lutte palestinienne est une lutte universelle contre l’oppression et le déni d’autodétermination dans la poursuite de la justice et de la capacité à vivre dans la dignité. Nous restons déterminés à plaider pour un avenir digne pour le peuple palestinien et la libération de la Palestine des chaînes de la domination coloniale illégale d’Israël.
La justice prévaudra !