Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU : « Il faut arrêter la furie et la rage d’Israël »

mercredi 25 octobre 2023

Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU : « Il faut arrêter la furie et la rage d’Israël »

Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, alerte sur le grave danger de nettoyage ethnique qui menace les Palestiniens dans la bande de Gaza. Elle appelle à négocier un cessez-le-feu d’urgence.

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Pour la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Francesca Albanese, « la réponse qu’Israël est en train de mettre en œuvre n’a rien à voir avec l’autodéfense et va bien au-delà de ce qui est permis par le droit international ».

Deux semaines après l’attaque meurtrière du Hamas en territoire israélien qui a fait au moins 1 300 morts côté israélien et plus de 4 600 chez les Palestiniens, Francesca Albanese dresse le bilan provisoire de la situation.

À quoi assistons-nous depuis le 7 octobre au Proche-Orient ?

À une catastrophe de proportion épique. Une catastrophe humanitaire et politique. J’insiste beaucoup sur le fait que la tragédie n’a pas commencé le 7 octobre. Je comprends que certains se soient réveillés le jour où le peuple israélien a été gravement blessé au cœur avec des actions meurtrières menées par les militants de Hamas, qui ont tué des centaines d’innocents et kidnappé plusieurs d’entre eux.

Les attaques contre les civils ne sont jamais tolérables et ce que le Hamas a fait s’apparente à un crime de guerre, sans doute. C’est extrêmement grave et je comprends que cela justifie une réponse. Mais celle qu’Israël est en train de mettre en œuvre n’a rien à voir avec l’autodéfense et va bien au-delà de ce qui est permis par le droit international.

Que permet le droit international ?

Israël invoque l’article 51 de la charte des Nations unies qui fait référence au droit des États de se défendre quand ils sont attaqués. Or, il se trouve qu’Israël n’est pas attaqué par un autre État. Cela peut arriver dans l’avenir si la situation continue à dégénérer. Mais là, l’attaque et les crimes contre des civils israéliens ont été commis par un groupe armé faisant partie d’une résistance à l’occupation israélienne qui, désormais, dure depuis cinquante-six ans.

Je ne dis pas ça pour justifier ce que le Hamas a fait, absolument pas. Mais Israël n’est pas en train de réagir contre une menace posée par un État indépendant. La population de Gaza, comme tous les Palestiniens sous occupation israélienne depuis 1967, a, selon le droit international, le statut de personne protégée par Israël, qui est la puissance occupante. C’est là la question centrale.

Même si Israël a un droit à l’autodéfense, celui-ci ne peut pas s’exercer en violation des droits fondamentaux. Et on ne peut pas l’exercer en violant les principes critiques du droit international, notamment celui de distinction. On ne peut pas cibler des civils. Chaque action militaire doit être proportionnelle à l’objectif que l’on veut atteindre. Le principe de précaution souligne qu’on ne peut pas menacer, mettre en danger la vie des civils. C’est pourtant ce qu’Israël est en train de faire depuis le 7 octobre et de façon massive.

Des quartiers résidentiels ont été bombardés et détruits. Quarante-sept familles entières – soit cinq générations de Palestiniens – ont disparu des registres civils. Les cinq guerres menées contre Gaza, en 2008-2009, 2012, 2014, 2021, 2022, ont fait 4 200 morts au total. Cette fois, le même chiffre a été atteint en seulement deux semaines et continue d’augmenter. Un tiers de ces victimes sont des enfants et des femmes. Tout est en train d’être détruit, des hôpitaux, des écoles, des marchés…

30 % des habitations qui ont résisté à la destruction de cinq guerres sont désormais à terre. Je rappelle qu’un blocus illégal est exercé contre Gaza depuis 2007, qui s’est durci ces dernières semaines avec un siège empêchant jusque-là l’entrée d’eau, de matériel, de médicaments et d’essence.

Pour lire la suite de l’article : https://www.humanite.fr/monde/guerr...

Source  : L’HUMANITE