Israël-Palestine. Le mythe du « cycle de la violence »
Pourquoi lancer une incursion dévastatrice [dans le camp de réfugié·e·s de Jénine le 26 janvier], ciblant des activistes mais blessant d’innombrables civils, alors qu’il est prouvé que cette méthode exacerbe la violence au lieu de la contenir ? A quoi bon menacer les assaillants de démolir leurs maisons lorsque des milliers d’innocents, y compris les propres familles et voisins des assaillants, sont également menacés du même sort ? Pourquoi mettre des armes entre les mains de plus de civils alors qu’il y a déjà un résident, un soldat, un policier ou un agent de sécurité armé dans chaque rue ?
Une adolescente palestinienne pleure pendant les funérailles des 10 Palestiniens tués par l’armée israélienne lors d’un raid dans le camp de réfugiés de Jénine, le 26 janvier 2023. (Wahaj Banimoufleh/Activestills.org)
La plupart des Israéliens n’ont pas pris la peine de se poser ces questions lorsque l’armée a effectué un raid sur le camp de réfugiés de Jénine jeudi matin, tuant 10 personnes et causant des destructions massives. Ils n’ont certainement pas voulu se poser ces questions le lendemain, lorsqu’un jeune Palestinien a abattu sept Israéliens dans la colonie de Neve Ya’akov à Jérusalem-Est, ou lorsqu’un jeune Palestinien de 13 ans a ensuite abattu et blessé deux colons israéliens dans le quartier de Silwan [à Jérusalem-Est occupée]. Et ils ont à peine soulevé ces questions lorsque, comme d’habitude, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a annoncé les mesures habituelles du gouvernement pour « dissuader » de nouvelles attaques, qu’il s’agisse de punir les membres de la famille des assaillants, d’approuver davantage de permis de port d’armes ou de construire de nouvelles unités de peuplement [de colonies].
Pour de nombreux Israéliens, il est préférable d’éviter de telles réflexions portant sur les réponses habituelles de leurs dirigeants, cela afin de préserver une vision du monde simple et rigide : les Palestiniens nous détestent sans raison, ils nous attaquent sans raison, et nous n’avons donc pas d’autre choix que de les écraser. Les Israéliens plus critiques peuvent au contraire se lamenter sur l’aphorisme usé d’un « cycle de la violence », cherchant à établir une certaine parité morale de responsabilité et de nuisances entre les deux parties.