Israël fait preuve de l’intention ‘glaçante’ de commettre un génocide à Gaza, dit l’Afrique du Sud à la Cour de justice de l’ONU

mardi 16 janvier 2024

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L’affaire s’ouvre à La Haye avec des photos et une vidéo montrées aux juges comme preuves d’un génocide supposé.

Israël a fait preuve de l’intention « glaçante  » et « incontestable  » de commettre un génocide à Gaza, connaissant parfaitement le nombre de civils qu’il tue, a entendu la cour internationale de justice de l’ONU à La Haye à l’ouverture d’une affaire qu’Israël a décrite comme sans fondement.

A regarder  : https://youtu.be/0Q_zTb9dfGU

L’Afrique du Sud, qui a porté cette affaire, a allégué « de graves violences et des actes génocidaires  » de la part d’Israël, lors de la première matinée des deux jours d’audience dans une atmosphère fébrile à l’extérieur du tribunal de La Haye. Elle a appelé les juges à ordonner un cessez-le-feu immédiat.

Elle a dit que la preuve du génocide se trouvait dans le nombre de civils tués par Israël et également dans les déclarations faites par ses dirigeants politiques et militaires, dont le premier ministre, Benjamin Netanyahou. Pour étayer cette affaire, elle a montré des photos de fosses communes de Palestiniens, des drapeaux israéliens flottant sur les décombres à Gaza et ce qu’elle a déclaré être des vidéos de Netanyahou exprimant son soutien au génocide, ainsi que des troupes – lui emboîtant le pas, a-t-elle déclaré – scandant « aucun citoyen non impliqué ».

« Les génocides ne sont jamais déclarés à l’avance, mais cette cour bénéficie de 13 semaines de preuves qui montrent incontestablement un modèle de comportement et une intention connexe qui justifient une revendication plausible d’actes génocidaires  », a dit à la cour l’avocate sud-africaine Adila Hassim.

Sa collègue Tembeka Ngcukaitobi a dit qu’il y avait eu «  réitération et répétition de discours génocidaires dans toutes les sphères de l’État en Israël  » en sorte que « la preuve de l’intention génocidaire n’est pas seulement glaçante, elle est également accablante et incontestable  ».

Israël, qui a nié ces allégations, livrera sa réponse vendredi. Il a dit qu’il menait la guerre contre des militants palestiniens, pas contre le peuple palestinien. Dans une déclaration, le ministère israélien des Affaires étrangères a accusé l’Afrique du Sud de l’hypocrisie la plus flagrante, disant qu’elle n’avait pas tenu compte « du fait que les terroristes du Hamas s’étaient infiltrés en Israël, avaient assassiné, exécuté, massacré, violé et kidnappé des citoyens israéliens, pour la seule raison qu’ils étaient israéliens, dans une tentative de perpétration d’un génocide  ».

Une marche comprenant des parents des otages, détenus depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre sur le sud d’Israël, dans laquelle des gens, principalement des civils israéliens, ont été tués et 250 pris en otage, est arrivée au tribunal juste avant le début de la procédure.

Les manifestants pro-palestiniens et pro-Israël se trouvaient dans des zones séparées mais se sont retrouvés brièvement face à face et ont essayé d’étouffer réciproquement leurs chants.

Hassim a dit qu’Israël avait lâché 6.000 bombes par semaine les trois premières semaines qui ont suivi le 7 octobre et avait utilisé 900 kg de bombes – « certaines des bombes les plus grosses et les plus destructrices disponibles  » – 200 fois dans les zones au sud de Gaza qu’il avait désignés comme sûres.

« Israël a tué un nombre inégalé et sans précédent de civils », a-t-elle dit. « En pleine connaissance du nombre de vies de civils que chaque bombe prendrait. Plus de 1.800 familles palestiniennes de Gaza ont perdu quantité de membres de leur famille et des centaines de familles multi-générationnelles ont été balayées sans aucun survivant … Cette tuerie n’est rien d’autre que la destruction de la vie des Palestiniens. »

En plus d’au moins 23.750 personnes, principalement des femmes et des enfants, tuées pendant l’offensive d’Israël à Gaza, d’après son ministère de la Santé, Hassim a dit que les dommages physiques et psychologiques infligés aux Palestiniens et l’imposition de conditions destinées à provoquer la destruction étaient aussi une preuve de génocide. Elle a allégué le déplacement des Palestiniens, une déshydratation et une famine généralisées et une agression sur le système de santé.

La Ligue Arabe a exprimé son soutien à l’affaire de l’Afrique du Sud la veille de l’audition, emboîtant le pas à l’Organisation des 57 États membres de la Coopération Islamique. Parmi les personne présentes individuellement au tribunal pour soutenir l’Afrique du Sud se trouvaient le trois fois candidat à l’élection présidentielle française, Jean-Luc Mélenchon, et l’ancien dirigeant du parti travailliste du Royaume Uni, Jeremy Corbyn. Ils ont été applaudis alors qu’ils rejoignaient le ministre sud-africain de la Justice, Ronald Lamola, qui a été accueilli aux cris de « Merci, l’Afrique du Sud » quand il s’est adressé après l’audition à la foule des pro-Palestiniens devant le tribunal.

Vaughan Lowe KC [Conservatoire Royal de La Haye], membre de l’équipe juridique sud-africaine, a dit : « Rien ne peut jamais justifier un génocide, quoi qu’aient pu faire certains individus qui faisaient partie du groupe de Palestiniens de Gaza, quelle que puisse être l’ampleur d’une menace sur les citoyens israéliens, les attaques génocidaires sur la totalité de Gaza et la totalité de sa population dans l’intention de les détruire ne peuvent être justifiées. »

Blinne Ni Ghralaigh KC a dit que la communauté internationale avait « répétitivement fait défaut  » au peuple du Rwanda et de Bosnie et au peuple Rohingya du Myanmar.

Ni Ghralaigh KC a dit que la communauté internationale devrait être horrifiée, ajoutant : « Certains pourraient dire que la réputation même du droit international, sa capacité et sa volonté de contraindre et de protéger tous les peuples à égalité, sont en jeu. »

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Source  : AURDIP