La France interdit aux entreprises israéliennes d’exposer des armes

dimanche 2 juin 2024

Le ministère français de la Défense suggère que cette décision est liée à l’opposition de Paris à la poursuite de l’invasion israélienne de Rafah

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Des étudiants se rassemblent près de la Sorbonne à Paris pour soutenir les Palestiniens à Gaza, le 29 avril 2024 Dossier : Sarah Meyssonnier/Reuters

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Photo : Rassemblement devant le GICAT, siège du lobby des industriels d’armement français, le 30 mai 2024

31 mai 2024

La France a interdit aux entreprises israéliennes de participer au salon annuel de l’industrie de l’armement et de la défense Eurosatory qui se tiendra le mois prochain à Villepinte, près de Paris, ont annoncé les organisateurs de l’événement et les autorités françaises.

"Par décision des autorités gouvernementales, il n’y aura pas de stand pour l’industrie de défense israélienne au salon Eurosatory 2024", ont indiqué vendredi les organisateurs, Coges Events.

Le ministère français de la Défense a suggéré que cette décision était liée à l’opposition de Paris à la poursuite de l’assaut israélien sur Rafah, dans le sud de Gaza.

"Les conditions ne sont plus réunies pour accueillir des entreprises israéliennes au salon à un moment où le président appelle Israël à cesser ses opérations à Rafah", a déclaré le ministère à l’agence de presse Reuters.

Soixante-quatorze entreprises israéliennes devaient assister à l’événement du 17 au 21 juin au parc des expositions proche du principal aéroport international de Paris, la Coges ayant précédemment annoncé qu’une dizaine d’entre elles exposeraient des armes.

La semaine dernière, un groupe de militants a émis un avertissement légal et a exhorté Coges à prendre des mesures pour éviter d’acheter et de vendre des armes qui pourraient être utilisées dans des « crimes » commis à Gaza ou dans d’autres parties du territoire palestinien occupé.

ASER, Stop Arming Israel, Urgence Palestine et l’Association France Palestine Solidarité ont également mis en garde contre le fait que les bénéfices du salon "renforcent le pouvoir économique des entreprises susceptibles de participer à ces crimes".

Le Coges a déclaré à l’agence de presse AFP qu’il s’agissait "d’un salon destiné uniquement à la présentation d’équipements de défense et de sécurité (...) et en aucun cas d’un lieu de transactions".

L’annonce de vendredi est intervenue quelques jours seulement après qu’Israël a bombardé un camp de personnes déplacées à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, ce qui a suscité l’indignation de la communauté internationale et des protestations généralisées en France.

Le président Emmanuel Macron s’est également dit "indigné" par le raid aérien israélien qui a tué 45 personnes dans le camp.

Au cours des semaines précédentes, la France s’est jointe à d’autres pays occidentaux pour exhorter Israël à ne pas envahir Rafah, qui était devenu le foyer de centaines de milliers de Palestiniens déplacés de force d’autres parties de la bande de Gaza.

Israël n’a pas tenu compte de ces avertissements et a poursuivi une offensive majeure contre Rafah, déplaçant environ un million de personnes de la ville.

L’assaut, qui a vu les forces israéliennes prendre le contrôle du point de passage de Rafah avec l’Égypte, a également aggravé la crise humanitaire à Gaza.

La semaine dernière, la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction des Nations unies, a ordonné à Israël de mettre fin à ses attaques contre Rafah.

Au moins 36 284 Palestiniens ont été tués et 82 057 blessés dans la guerre d’Israël contre Gaza depuis le 7 octobre.

Source  : AL JAZEERA (Traduction : AFPS)