La Résistance palestinienne entre dans une nouvelle ère
Ce qui s’est passé entre mai 2021 et mai 2022 révèle un véritable changement de paradigme dans la Résistance palestinienne. Grâce à la nature populaire et inclusive de la mobilisation palestinienne contre l’occupation israélienne, la Résistance en Palestine n’est plus un choix idéologique, politique ou régionale.
Ramallah, Cisjordanie, le 14 août 2013 - Des femmes palestiniennes dansent et chantent en attendant l’arrivée de 11 prisonniers palestiniens libérés des geôles israéliennes - Photo : Oren Ziv/ Activestills
Par Ramzy Baroud
Dans la période qui s’est écoulée entre la signature des accords d’Oslo en 1993 et seulement quelques années en arrière, la muqawama – ou Résistance – palestinienne était constamment mise au banc des accusés, critiquée et condamnée, comme si une nation opprimée était moralement obligée de choisir une forme de Résistance qui corresponde aux besoins et intérêts de ses oppresseurs.
En tant que telle, la Résistance palestinienne est devenue une véritable épreuve de vérité politique et idéologique. L’Autorité palestinienne (AP) de Yasser Arafat et, plus tard, de Mahmoud Abbas, a appelé à la « Résistance populaire », mais elle n’a apparemment pas compris ce que cela signifiait réellement et elle n’était certainement pas prête à mettre ses actes en conformité avec ses paroles.
La Résistance armée palestinienne a été dépouillée de son contexte historique, le même que tous les mouvements de libération à travers l’histoire, et a été utilisé comme prétexte par Israël et ses alliés occidentaux pour condamner le « terrorisme » palestinien et présenter Israël comme une victime menacée par un danger existentiel.
Les Brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont présenté un défilé militaire le jeudi 27 mai 2021 dans le sud de la bande de Gaza.
En l’absence d’une expression centralisée de la Résistance palestinienne, les groupes et organisations de la société civile pro-palestiniens eux-mêmes ont limité leur relation avec la lutte palestinienne en adoptant certaines formes de Résistance palestinienne et en en condamnant d’autres.
L’argument selon lequel les nations opprimées doivent pouvoir choisir le type de Résistance le plus approprié pour accélérer leur salut et leur libération est tombé dans l’oreille d’un sourd.
La vérité est que la Résistance palestinienne a commencé avant la création officielle d’Israël en 1948.
Les Palestiniens et les Arabes ont résisté au colonialisme britannique et sioniste en utilisant les méthodes de résistance qui leur semblait les plus efficaces sur le long terme. Il n’y avait aucun rapport entre les formes de résistance et l’identité religieuse, politique ou idéologique des résistants.
Ce paradigme a prévalu pendant de nombreuses années, à commencer par le mouvement des Fidayins après la Nakba, la résistance populaire à la brève occupation israélienne de Gaza en 1956, et l’occupation et le siège qui ont duré des décennies à partir de 1967.
La Résistance palestinienne s’est poursuivie de la même manière en Palestine historique tout au long des décennies ; la Résistance armée a fluctué, mais la Résistance populaire n’a pas changé. Les deux phénomènes ont toujours été intrinsèquement liés, car la première était également soutenue par la seconde.