Les Palestiniens ne sont pas les « voisins » d’Israël : 11 corrections du discours du Premier ministre Yair Lapid à l’ONU
Par Amira Hass le 24 septembre 2022
Traduction Thierry Tyler-Durden
Sur le groupe de soutien à l’UJFP
Article en anglais sur Haaretz
Le Premier ministre n’est pas le premier dans l’histoire de l’ONU à prononcer un discours rempli de slogans et de mensonges. Dans les rapports de l’ONU sur la domination d’Israël sur les Palestiniens, les dirigeants et leurs assistants peuvent trouver des informations pour les réfuter. Les remarques suivantes sont destinées à les aider à naviguer entre les détails.
Le Premier ministre Yair Lapid n’a pas été le seul jeudi, et pas le premier dans l’histoire des Nations unies, à prononcer devant l’Assemblée générale un discours rempli de slogans, de mensonges, de demi-vérités, de propagande, de distorsions historiques, de fantasmes et de déclarations battues en brèche. Si quelqu’un s’attendait à un discours original, honnête et inspirant de la part de Lapid – ce sont eux qui ont un problème.
Lapid n’est pas non plus le premier politicien israélien – et il ne sera pas le dernier – à utiliser la mémoire de l’Holocauste en vain, comme l’arme nucléaire de propagande la plus réussie d’Israël. Il est tout à fait prévisible de mentionner l’Holocauste comme outil pour faire taire, à l’avance, même la plus légère critique de la domination d’Israël sur les Palestiniens.
Le problème est qu’il y a trop de chefs d’État à l’Assemblée générale qui sont prêts à croire, ou à faire semblant de croire, à la propagande selon laquelle Israël est une démocratie pacifique, et aussi une victime innocente de conspirations et de terrorisme. Ce faux-semblant dispense ces pays de l’obligation d’honorer les conventions internationales et le droit international, et de prendre des mesures fermes contre les violations israéliennes du droit.
Prenons l’exemple de la nouvelle première ministre du Royaume-Uni, Elizabeth Truss, qui a déjà déclaré qu’elle envisageait de transférer l’ambassade de son pays en Israël à Jérusalem. Cette déclaration est un autre prix décerné à Israël pour le désastre qu’il a causé à la Jérusalem palestinienne en la coupant du reste du territoire conquis en 1967, un autre prix pour sa politique constante d’appropriation des terres dans la ville, pour avoir appauvri la majorité de ses résidents tout en en expulsant beaucoup d’autres hors de ses frontières.
Dans les rapports réguliers de l’ONU sur la domination d’Israël sur les Palestiniens, les dirigeants, les assistants et les journalistes étrangers peuvent trouver des informations actualisées et historiques réfutant les prétentions trompeuses de Lapid. Pour les aider, eux et d’autres, à s’y retrouver dans l’abondance de détails, et pour en clarifier la signification, les commentaires suivants sont écrits ici :
1. Commençons par les serres de la bande de Gaza, qui semblent être la pièce de propagande la plus bizarre sortie du grenier pour ce discours. Outre la main-d’œuvre palestinienne bon marché, les serres des colons sur les terres volées ont prospéré avant le désengagement unilatéral d’Israël de Gaza en 2005 pour trois raisons principales : Un approvisionnement régulier en eau de bonne qualité en provenance d’Israël et de la bande de Gaza, une alimentation continue en électricité et un accès aux marchés et aux ports – trois conditions qui n’existaient pas et n’existent toujours pas pour les Palestiniens de la bande de Gaza.
Israël impose un régime hydrique autarcique à la bande de Gaza, comme s’il s’agissait d’une île autosuffisante géographiquement coupée du reste du pays. Après tout, il aurait été tout à fait approprié qu’Israël fournisse de grandes quantités d’eau à Gaza plutôt que les minuscules quantités qu’il vend aujourd’hui à l’enclave côtière en compensation de ce qu’il pompe et vole aux Palestiniens de Cisjordanie. Depuis plus de 30 ans, la partie de l’aquifère située dans la bande de Gaza fait l’objet d’un pompage excessif, avec pour conséquence une salinité trop élevée dans le meilleur des cas – l’eau n’est donc pas adaptée à de nombreuses cultures – et une pollution due au ruissellement des eaux usées et des toxines.
Les perturbations de l’approvisionnement en électricité sont dues à des conflits internes entre les Palestiniens eux-mêmes, aux dommages causés aux infrastructures par les bombardements israéliens, aux limitations des quantités de carburant importé et à la détérioration économique générale causée par le blocus.
Mais le principal obstacle était les restrictions draconiennes imposées aux exportations de produits de Gaza vers les marchés de Cisjordanie, d’Israël et même d’outre-mer, depuis le début de la deuxième Intifada. Même si les agriculteurs parvenaient à surmonter les problèmes d’eau et d’électricité, ils se retrouveraient avec des excédents de production et subiraient d’énormes pertes financières.