Les dirigeants des universités d’Israël, refusant un projet de loi « fascisant » qui proscrit le drapeau palestinien, alertent sur un boycott académique

jeudi 1er juin 2023

Les dirigeants universitaires avancent que le but de la loi est de « transformer les institutions académiques en branches de la police israélienne et du Shin Bet’ »

Les dirigeants des universités d’Israël se sont fortement manifestés contre une proposition visant à forcer les institutions académiques à suspendre tout étudiant portant le drapeau palestinien ou exprimant son soutien au terrorisme.

Dans une lettre publiée jeudi, le Comité des dirigeants des universités a avancé que le véritable but de cette loi est de « transformer les institutions académiques en branches de la police israélienne et du Shin Bet » et de les obliger à surveiller des centaines de milliers d’étudiants en infligeant des sanctions à des actions qui sont actuellement sous la protection de la liberté d’expression ».

La lettre, qui a été envoyée aux membres du Conseil d’Israël pour l’Enseignement Supérieur, avant leur débat de dimanche sur le sujet au Comité ministériel de la Knesset sur cette législation, a aussi averti que la loi nuirait à la fois à la liberté d’expression et à la liberté académique.

La loi a été présentée à la Knesset par Son Har Hamelech en février. Elle précise qu’un étudiant qui exprime son soutien à une organisation terroriste ou agite le drapeau palestinien ou celui de tout autre pays ennemi, sera suspendu pour une période ne pouvant être inférieure à 30 jours. Un groupe étudiant faisant la même chose sera dissous.

La loi ajoute qu’une violation répétée résulterait en exclusion permanente de toute activité universitaire et l’interdiction d’éligibilité à un diplôme universitaire pour cinq ans.

Pour défendre leur objection, les dirigeants universitaires ont noté que le droit à l’enseignement, à l’emploi et à la liberté de parole « est garanti même à des repris de justice et à des criminels reconnus et condamnés.

Les membres du comité ont ensuite soutenu que toute politisation du processus de prise de décision dans les universités « portera gravement atteinte à la position du monde académique israélien dans le monde » et que le projet de loi « justifiera tous les arguments des organisations du BDS , et conduira à une vague mondiale de boycotts académiques des institutions israéliennes ».

Plus tôt le jeudi, le Professeur Ariel Porat , Président de l’Université de Tel Aviv, a adressé une lettre dans laquelle il critique durement le projet de loi de Son Har Hamelech, disant que l’université n’agira pas en ce sens.

« L’Autorité Palestinienne n’est pas un État ennemi ni une organisation terroriste. Agiter le drapeau palestinien est un acte protégé par la liberté d’expression » a écrit Porat.

« Si nous devons nous conformer à cette loi, nous devrons probablement chasser la plupart de nos étudiants qui protesteraient à juste titre contre cette forme d’oppression et n’hésiteraient pas à brandir le drapeau palestinien ».

Porat a appelé le gouvernement à s’opposer à une situation dans laquelle les universités « sont transformées en agence d’application de la loi ». Porat a en outre averti que « si ce projet de loi fascisant est voté, un véritable Maccarthisme apparaîtra sur les campus et les étudiant s’espionneront mutuellement ».

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