Lifta, village palestinien dépeuplé lors de la Nakba, à nouveau menacé par les projets israéliens

dimanche 27 juin 2021

Les habitants de Lifta ont été déplacés de force pendant la Nakba. Aujourd’hui, le combat continue pour préserver ce qu’il reste du village de nouveaux plans d’urbanisme israéliens.

De petits pâtés de maisons parsèment une colline près de Jérusalem, leurs briques de pierre se détachant nettement sur la végétation envahissante. Alors que leurs anciens propriétaires et descendants continuent de vivre à proximité, les bâtiments sont restés inhabités pendant des décennies – et risquent à présent de disparaître pour toujours.

JPEG - 191.6 ko

Situé au nord-ouest de Jérusalem, le village de Lifta est victime des politiques d’expansion israéliennes depuis la Nakba, la « catastrophe » palestinienne coïncidant avec la création de l’État d’Israël en 1948.

Bien que la zone ait été déclarée réserve naturelle par Israël en 2017, l’Autorité foncière israélienne (ILA) a annoncé le 9 mai dernier son intention d’organiser en juillet une vente aux enchères publique pour inviter des entreprises privées à répondre à des appels d’offres en vue de la construction d’une nouvelle colonie sur les terres de Lifta.

Selon le matériel promotionnel, le projet prévoit la construction de 250 logements, mais aussi d’hôtels et de centres commerciaux, le tout à seulement 10 kilomètres de Jérusalem et avec une vue imprenable.

Mais ce projet moderne et luxueux entraînerait la démolition des maisons et monuments restants de Lifta, cherchant dans les faits à effacer toutes traces de l’identité et de l’histoire palestiniennes de ce site classé en 2018 au patrimoine en voie de disparition du World Monuments Fund.

Pour Zakaria Odeh, coordinateur de la Coalition civile pour les droits des Palestiniens à Jérusalem, la communauté internationale doit intervenir et faire pression sur le gouvernement israélien pour qu’il mette fin à sa politique d’effacement de tout ce qui rappelle que des Palestiniens ont été expulsés de force à partir de 1948.

« Nous demandons à l’UNESCO d’intervenir et de mettre un terme à l’anéantissement du patrimoine et de l’histoire du village », déclare-t-il à Middle East Eye.

Le dernier plan en date des autorités israéliennes met une fois de plus en lumière la longue histoire de Lifta et la lutte de ses anciens habitants, aujourd’hui réfugiés ou déplacés internes, pour la préservation de sa mémoire quoi qu’il arrive.

Des décennies de tentatives d’effacement

Lifta fut parmi les premiers des 38 villages du district de Jérusalem à être dépeuplés de force en 1948. Le village date de l’époque cananéenne, durant laquelle il était connu sous le nom de Nephtoah, et s’étend sur une superficie d’environ 8 743 dounams (m²). Israël en a occupé une partie en 1948 et a saisi le reste pendant la guerre de 1967.

Avant la Nakba, quelque 3 000 personnes vivaient à Lifta dans environ 600 habitations. Selon les anciens du village, seules 73 maisons existent encore aujourd’hui – 56 d’entre elles sont quasiment intactes et 17 sont en ruines.

Parmi les monuments encore debout, se trouvent une mosquée pluriséculaire, le cimetière du village, une source d’eau et une école primaire construite en 1929, qui accueille aujourd’hui des élèves juifs israéliens.

Au fil des ans, un certain nombre de logements et de bâtiments gouvernementaux israéliens – dont la Knesset (le Parlement israélien) – et une partie du campus de l’Université hébraïque ont été construits sur les anciennes terres agricoles de Lifta.

Zakaria Odeh explique à MEE que le dernier projet de l’ILA n’est pas sans précédent : en 2006, le gouvernement israélien a approuvé un plan, connu sous le numéro 6036, visant à l’établissement d’une colonie baptisée Mei Neftoah sur les terres de Lifta.

Les plans initiaux auraient été élaborés entre le milieu et la fin des années 90, lorsqu’Ariel Sharon était ministre de l’Infrastructure.

En 2009, l’ILA a mis les terres de Lifta aux enchères dans le cadre d’un plan prévoyant la démolition de tous les bâtiments du village, à l’exception d’une cinquantaine d’entre eux.

En 2011, d’anciens résidents de Lifta et leurs descendants ont déposé une objection devant le tribunal et, début 2012, la Cour israélienne des affaires administratives a rendu une décision annulant la vente aux enchères. Mais aujourd’hui, l’ILA tente de mettre en œuvre un plan similaire.

Le gardien des mémoires

Lire l’article complet ICI.



Agenda

<<

2024

 

<<

Avril

 

Aujourd’hui

LuMaMeJeVeSaDi
1234567
891011121314
15161718192021
22232425262728
293012345
Aucun évènement à venir les 8 prochains mois