Normalisation de la relation israélo-arabe : l’Autorité palestinienne change de stratégie
Normalisation de la relation israélo-arabe : l’Autorité palestinienne change de stratégie
Plutôt que de s’opposer frontalement au rapprochement en cours entre Riyad et l’Etat hébreu, sur lequel il n’a guère de prise, le régime de Ramallah essaie d’en tirer parti.
Par Louis Imbert(Jérusalem, correspondant)
Publié le 23 septembre 2023 à 15h30
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, lors de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, aux Etats-Unis, le 21 septembre 2023. BRENDAN MCDERMID / REUTERS
Il n’est plus question de « coup de poignard dans le dos ». Plutôt que d’attendre d’être mise devant le fait accompli et de hurler à la trahison, l’Autorité palestinienne (AP) se cherche une place dans les tractations saoudo-américaines en cours, dans la perspective d’une possible normalisation des relations entre le royaume et Israël.
Le régime de Ramallah affirme avoir tiré la leçon de la débâcle historique qu’ont représentée pour lui les accords dits « d’Abraham », par lesquels les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc, et de manière plus éphémère le Soudan, ont reconnu l’Etat juif en 2020, sans un regard pour la question palestinienne, et sans consulter l’AP.
Encouragé par l’Egypte et la Jordanie, le président palestinien, Mahmoud Abbas, s’est rendu à Riyad en avril, afin de s’entretenir avec l’homme fort du royaume, le prince héritier Mohammed Ben Salman (MBS). Des contacts se sont poursuivis durant l’été, avec l’envoi dans la capitale saoudienne de représentants palestiniens à la fin août. « Les Emirats avaient sauté par-dessus nos têtes avec leur accord de normalisation. Aujourd’hui, les Saoudiens nous tiennent au courant. Nous voulons être impliqués, et que notre problème soit résolu », résume Ahmad Al-Deek, conseiller politique au ministère des affaires étrangères palestinien.
« Une énorme erreur »
L’AP aurait beaucoup à perdre si Riyad et Washington lui attribuaient un éventuel échec des négociations. Officiellement, la ligne saoudienne n’a pas changé : le royaume demeure engagé par le « plan Abdallah », du nom de l’ancien prince héritier – puis souverain – saoudien qui l’a forgé en 2002. Adopté par la Ligue arabe, ce texte conditionne la normalisation des relations avec Israël à la création d’un Etat palestinien sur les territoires de 1967, débarrassés des colonies, avec Jérusalem-Est pour capitale. « Nétanyahou et les Américains veulent ignorer la question palestinienne. Quand les Saoudiens disent que ce n’est pas possible, c’est une victoire pour nous, » estime M. Al-Deek.
Cependant, dans un entretien avec la chaîne américaine Fox News, le 20 septembre, le prince héritier a signalé qu’il était prêt à revoir ces paramètres à la baisse. MBS a certes souligné que la « question » palestinienne était importante et devait être « résolue », mais il n’a parlé ni d’« Etat » ni de « droits », se contentant d’espérer que les négociations aboutissent « à un résultat qui facilite la vie des Palestiniens ».
Si vous souhaitez lire la suite de l’article :