Palestine. La supercherie d’un « plan de paix » et le sort des réfugiés
Comme chaque année, la Fête s’est fait l’écho du combat des Palestiniens. Leïla Shahid, Charlotte Blandiot-Faride, maire communiste de Mitry-Mory, et la correspondante au Liban de l’AJPF apportent leur éclairage.
La situation de la Palestine figurait au programme des débats de la Fête. Un temps fort tant est urgente la solidarité avec ce peuple, notamment au regard des derniers événements qui ont vu s’accélérer la spoliation de ce qui reste des territoires et s’aggraver encore le sort des réfugiés, condamnés à vivre dans des camps depuis des décennies. Les échanges mettaient à contribution Leïla Shahid, ancienne ambassadrice auprès de l’Union européenne, intervenant en direct, Charlotte Blandiot-Faride, maire communiste de Mitry-Mory, dont la ville est jumelée avec le camp de réfugiés de Nar el-Bared, au nord du Liban, Mirvat Abu Khalil, correspondante au Liban de l’Association pour les jumelages entre camps de réfugiés palestiniens et villes françaises (AJPF), et un citoyen palestinien du camp de Badawi, situé près de Tripoli, témoin direct de la réalité des conditions de vie des réfugiés.
Un plan d’annexion des territoires palestiniens concocté par Trump et Netanyahou
Un croisement d’opinions, de constats et d’expériences de terrain pour éclairer les récents développements autour des enjeux politiques. Au cœur des échanges : le plan dit de paix, concocté de façon unilatérale par Trump et Netanyahou, dont la finalité est l’annexion de 30 % des territoires palestiniens. Et dans la foulée de ce « montage », la normalisation des relations entre les Émirats arabes unis (EAU) et Israël, puis, plus récemment, l’accord entre Bahreïn et l’État hébreu pour emprunter la même voie, qualifiée de « percée historique » par le président américain.
Cette nouvelle donne est une « supercherie historique, face à laquelle on ne fait plus rien », insiste Leïla Shahid. « Les EAU ont affirmé que leur décision avait comme contrepartie d’écarter la perspective de l’annexion des territoires en Cisjordanie. Or, immédiatement après, Netanyahou a officiellement déclaré que celle-ci était seulement suspendue. En réalité, cette décision est bel et bien entérinée avec l’appui des Américains », rappelle-t-elle.
Autant de manœuvres destinées à détourner l’opinion internationale de la revendication fondamentale des Palestiniens : la création d’un État. Un combat plus que jamais d’actualité, déclenché par la Nakba, cette « catastrophe » conséquente à la création de l’État d’Israël en 1948 qui en priva aussi du coup les Palestiniens, contraignant des millions d’entre eux à végéter éternellement dans des camps en Syrie, au Liban, en Jordanie, y compris même dans ce qui reste de la Palestine, à Gaza et en Cisjordanie.
Un débat politique pour soutenir les droits des Palestiniens
La maire de Mitry-Mory, Charlotte Blandiot-Faride, témoigne justement de la finalité du précieux jumelage avec ces camps. Au-delà de l’aide directe et concrète, devenue vitale après la suspension de la participation financière des États-Unis à l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), il s’agit aussi d’intervenir dans le débat politique afin de soutenir les Palestiniens pour le rétablissement de leurs droits. C’est dire à nouveau l’importance de l’objectif d’un État de Palestine. Aussi, rappellent les intervenants, la reconnaissance par la France de cet État est une bataille à mener auprès d’un maximum d’élus. L’hommage à Fernand Tuil, militant communiste fondateur de l’AFPG, décédé il y a sept ans, souligne également que cette solidarité est un combat de longue haleine.
Leïla Shahid : « La question des réfugiés est centrale pour la Palestine »
Sur les 12 millions de Palestiniens dans le monde, 7 millions sont des réfugiés, en Palestine, en Jordanie, au Liban. Cette question commence bien avant 1967, avec la dépossession de la terre par le mouvement sioniste dans l’optique de transformer un pays à majorité arabe habité par des chrétiens, des musulmans et des juifs non sionistes en un État national juif. En 1948, lors de sa création, personne n’a consulté le peuple palestinien. À ce moment-là, moins de 10 % de la population de la Palestine était juive. Le traumatisme de 1948, la Nakba, reste considérable avec l’exode de 750 000 Palestiniens et 300 000 en 1967.
Aujourd’hui, la majorité des Palestiniens se trouve en exil avec uniquement une carte de l’Office de l’ONU pour les réfugiés. Même naturalisés dans les pays arabes, ou en Europe, ils restent des réfugiés palestiniens, conformément à la résolution 194 de l’ONU de décembre 1948, qui acte le droit au retour. Les États-Unis ont suspendu le financement de l’ONU pour les réfugiés de Palestine et souhaitent la suppression du statut de réfugié.
Source : l’Humanité