Palestine occupée : les évènements passés façonnent notre présent

mercredi 19 octobre 2022

Les mois d’août et de septembre ont été éprouvants. Pas seulement à cause des attaques sur Gaza ou de l’intensification de la violence des colons, mais aussi en raison de la prise de conscience que les témoignages des Palestiniens aujourd’hui font écho à des témoignages similaires que j’ai entendus dans le passé.
Par Mariam Barghouti

JPEG - 55.1 ko Un parent du jeune Ezzaddin Tamimi pleure sur sa dépouille lors de ses funérailles dans le village de Nabi Saleh, en Cisjordanie, le 6 juin 2018. Ezzaddin Tamimi, 21 ans, a reçu dans la poitrine et le cou deux balles pour tuer, lors d’affrontements avec les soldats israéliens qui ont fait un raid sur le village pour procéder à des kidnappings. Il est le troisième habitant de Nabi Saleh à avoir été assassiné par l’armée israélienne depuis que ses habitants ont commencé à manifester il y a dix ans - Photo : Anne Paq/Activestills

Au cours des 60 derniers jours, la Palestine a assisté à un kaléidoscope d’images qui ressemblent fortement à celles d’il y a presque deux décennies. C’est notamment vrai lorsque je réfléchis au phénomène croissant des « matloobeen » autrement dit les Palestiniens qui figurent sur la liste des personnes recherchées par Israël.

Il me rappelle l’époque de la Deuxième Intifada entre le 28 septembre 2000 et le 8 février, 2005 lorsque Israël utilisait toutes les occasions possibles de diffuser les noms et photos de Palestiniens avec la promesse d’une récompense en échange d’indications et informations sur la géolocalisation de « terroristes recherchés »

A l’époque, comme aujourd’hui, Israël craignait aussi la jeunesse palestinienne armée et incitait la mise en accusation des dirigeants et des défenseurs palestiniens en plus de faire un usage excessif de pratiques dégradantes et humiliantes à l’égard des corps et espaces palestiniens.

Les fouilles à nu étaient monnaie courante, la vue d’enfants tenus en joug était devenue une expérience partagée par plusieurs générations, et le couvre-feu était la norme où seules les boulangeries étaient ouvertes.

Je me souviens du sentiment d’insécurité des rues que j’avais toujours, à juste titre. Entendre les hurlements des soldats dans des jeeps militaires mettant en garde « quiconque vu en train de déambuler dans les rues sera tué » était courant. Je me souviens des mots utilisés, ce n‘était pas « sera la cible d’un tir » mais « sera tué ». Ça resemblait moins à une menace qu’à une promesse inéluctable.

Pendant la Deuxième Intifada près de 3262 Palestiniens, majoritairement des non-combattants furent tués par des colons israéliens armés et les forces militaires israéliennes. 24% des Palestiniens tués n’avaient que 18 ans ou moins. Le nombre de morts continua d’augmenter à mesure que les personnes blessées succombaient lentement à leurs blessures.

Aujourd’hui, en couvrant les évènements en Palestine Je remarque les similitudes frappantes entre ces années-là et aujourd’hui. Il se peut que les mécanismes et les technologies utilisés pour mener cette répression aient changé, mais l’élan qui y préside demeure le même.

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