Tribune Elie Barnavi -Arrêter les frais à Gaza
Constatant un enlisement militaire dans le territoire palestinien et l’impasse stratégique dans laquelle se trouve son pays, l’ancien ambassadeur d’Israël en France se prononce pour un cessez-le-feu permettant de libérer les otages
Source : Le Monde du 25 Janvier 2024
Elie Barnavi a été l’ambassadeur d’Israël en France de 2000 à 2002. Historien et essayiste, il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels « Israël-Palestine, une guerre de religion ? » (Bayard, 2006), « Israël. Un portrait historique » (Flammarion, 2015) et « Dix thèses sur la guerre » (Flammarion, 2014)
Jusqu’à récemment, j’étais vent debout contre un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza. Comme la quasi-totalité de mes compatriotes israéliens, j’étais convaincu qu’il ne fallait pas lâcher la pression avant que les deux buts de guerre majeurs déclarés ne soient atteints : la destruction du Hamas et la libération des otages. Je n’en suis plus si certain désormais. Voici pourquoi.
L’aspect militaire, d’abord. Tsahal a porté des coups très durs au Hamas. Dans le nord et le centre du territoire gazaoui, ses formations territoriales, brigades et bataillons, ont été détruites, et la troisième phase du déploiement militaire se concentre désormais sur des coups de boutoir ciblés. Dans le sud, à Khan Younès, la campagne se poursuit en pleine force. Mais la guerre s’enlise. Même là où l’essentiel de l’appareil militaire du Hamas a été démoli, des cellules terroristes subsistent.
Malgré la découverte et la destruction quotidiennes de dizaines de tunnels, l’infrastructure souterraine, bien plus importante et complexe qu’on ne le soupçonnait – on l’estimait à quelque 400 kilomètres, on pense qu’il y en a plus de 700 –, reste opérationnelle. A ce rythme, il faudrait de longs mois pour en venir à bout.
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