Un air d’apocalypse, de l’Amérique du Nord à Jérusalem

mercredi 8 décembre 2021

Les évangéliques américains sont-ils le dernier rempart de l’expansionnisme sioniste ou des alliés contre nature pour Israël ? Majoritairement engagés aux côtés de l’ultra-droite israélienne, ils comptent pourtant une frange envisageant la conversion des juifs comme condition du salut de la chrétienté.

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« Alors que le conflit fait rage et que les dirigeants mondiaux s’efforcent de trouver une solution pacifique aux problèmes du Proche-Orient, l’importance de Jérusalem ne fait que croître », écrit le pasteur américain John Hagee sur Twitter le 30 mai 2021, quelques jours après qu’un cessez-le-feu a mis fin à onze jours de bombardements massifs de l’armée israélienne sur Gaza et de tirs de roquettes du Hamas sur Israël. Cette crise avait été déclenchée par la menace israélienne d’expulser des familles palestiniennes dans le quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem. Cinq jours plus tôt, il twittait déjà : « L’avenir de Jérusalem est au cœur du plan de Dieu pour l’éternité. Ne vous y trompez pas : Dieu enlèvera, récupérera, restaurera, réorganisera, rénovera, redistribuera, réengagera et rachètera jusqu’à ce que la ville sainte devienne le joyau de toutes les villes de la terre ».

Cette déclaration ne devrait pas étonner, venant du fondateur de l’organisation pro-israélienne Christians United for Israel (CUFI), qui compte sept millions de membres aux États-Unis. Ces évangéliques
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fondamentalistes croient que l’installation des juifs en Terre sainte, la création de l’État d’Israël (1948) ou encore l’occupation israélienne de Jérusalem-Est (1967) sont les signes annonciateurs du retour du Christ. L’idée de l’enlèvement (rapture en anglais) de l’Église et des croyants — leur ascension au ciel au moment de la fin des temps — fait aussi partie intégrante de l’eschatologie dispensationaliste
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John Hagee s’est ainsi réjoui des violences du mois de mai, qui n’étaient pour lui qu’un nouveau signe prophétique : « Quand je vous dis que l’enlèvement de l’Église est imminent, “imminent” signifie que cela peut arriver à tout moment… Ce n’est pas une exagération ; c’est un euphémisme. Si vous n’êtes pas prêts, préparez-vous, parce que nous nous apprêtons à quitter ce monde ! »
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Pendant la présidence de Donald Trump, l’impact déjà prégnant du soutien des milieux évangéliques américains pour un État israélien expansionniste sur la politique américaine au Proche-Orient s’est encore accru, même si parmi les nouvelles générations évangéliques on trouve des voix qui s’opposent aux interprétations bibliques propagées par Hagee, y compris sur la question israélo-palestinienne
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. L’ex-président républicain a ainsi répondu à la vieille promesse de faire de Jérusalem la capitale de l’État d’Israël (en conformité avec le Jerusalem Embassy Act, voté en 1995 sous la pression des évangéliques), confortant les colons israéliens et leurs soutiens. Et avec son plan de paix au Proche-Orient, présenté à la fin de son mandat comme le « Deal du Siècle », il a exaucé les vœux de la droite et de l’extrême droite israélienne, ainsi que de ceux parmi les évangéliques américains qui les soutiennent.

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