Un tramway nommé colonisation

samedi 18 février 2023

En septembre, la métropole d’Aix-Marseille a annoncé l’achat de quinze rames de tramway à l’entreprise espagnole CAF. Un accord problématique pour Juliette Simon, animatrice à BDS Provence1 : cette entreprise gère une partie du tram qui relie Jérusalem à des colonies israéliennes illégales en Palestine.

JPEG - 113.6 ko Dessin par Théo Bédard

Lors de ses courses électoralistes de septembre 2021 à Marseille, Macron a annoncé le plan « Marseille en grand » et un milliard d’investissement pour les transports publics. Un an plus tard, la Métropole Aix-Marseille-Provence achète à ­l’entreprise espagnole Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles (CAF) les quinze premières rames de tramway de la ligne T3 dont l’extension sur un axe nord-sud est annoncée d’ici 2025. Cette première commande, d’un montant de 57 millions d’euros, pourra ensuite être augmentée en fonction des besoins, le contrat étant conclu pour huit ans. Au-delà des enjeux politiques locaux dans une ville réputée pour la médiocrité de ses transports en commun, le choix de CAF est aussi lourd de responsabilités : l’entreprise est en effet impliquée dans la gestion du tramway reliant la ville de Jérusalem-Ouest aux colonies israéliennes illégales des territoires palestiniens occupés que sont Jérusalem-Est et la Cisjordanie.

Confiscation de terres palestiniennes

En 2019, le groupe CAF s’est vu confier l’extension, l’exploitation et la maintenance de la première ligne (la « ligne rouge ») du Jerusalem Light Rail (JLR), le tramway urbain de Jérusalem, qui relie l’ouest de la ville aux territoires palestiniens occupés2. En 2022, elle récupère le projet de construction, d’exploitation et de maintenance de la troisième ligne, la « ligne verte »3, l’entreprise Alstom s’étant retirée à la suite de pressions internationales. « L’un des impacts de la construction de ce tramway est la confiscation des terres palestiniennes, explique Zakaria Odeh, coordinateur de la Coalition civique pour les droits des Palestiniens à Jérusalem, à Daan de Grefte, conseiller juridique au Centre européen de soutien juridique, au cours d’un échange en mai 2022. Ces terres sont privées, elles appartiennent à des Palestiniens et sont confisquées pour construire le tramway. Ce projet a affecté la vie des gens, certaines maisons ont été détruites. Le trajet du tramway ne dessert les quartiers palestiniens qu’afin d’atteindre les colonies. Son principal objectif est de faciliter le mouvement des colons dans le territoire palestinien occupé de Jérusalem-Est. »

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